À quelques semaines de quitter les bureaux du Festival, comment vous sentez-vous?
Ce sont des sentiments doux-amers que je ressens. Le Festival tient à coeur de beaucoup de personnes et quand tu y travailles tu le tiens aussi très à coeur.
Le Festival se trouve dans une situation très forte. Que ce soit en termes de résultats, de la situation financière ou encore l’équipe en place. Je quitte donc le Festival dans une position de force. C’est un excellent temps pour céder sa place à quelqu’un de nouveau.
Qu’est-ce qui vous amène à quitter le Festival du Voyageur?
J’avais et j’ai encore des ambitions de carrière. Le Festival était intéressant comme endroit. Surtout qu’il a traversé deux années très compliquées avec la pandémie. Alors je voulais une pleine édition avant de quitter. Je m’étais aussi toujours dit que je ne quitterais pas le Festival sans avoir une opportunité parfaite qui me tient à coeur.
Y a-t-il eu des défis à relever lors de votre prise de fonction en 2017?
Lorsque j’ai commencé, il y a eu un déficit de plus de 200 000 $ à la suite du Festival de février 2018. C’était seule-ment cinq mois après mon arrivée. Ensuite, il y a eu des départs dans l’équipe. De plus, le gouvernement provincial avait entamé des coupures à hauteur de 300 000 $ sur trois ans.
En parallèle de cette réalité financière, le 50e anniversaire du Festival du Voyageur appro-chait et les attentes étaient hautes. Très hautes. Au point où des personnes me parlaient d’abord de cet anniversaire avant même que la 49e édition ait eu lieu.
Il fallait organiser un 50e dans une situation déficitaire et avec des départs de l’équipe.
Il fallait donc que vous preniez des décisions importantes…
Oui de grosses décisions. Ce qui fait que le Festival a offert un 50e où les gens étaient satisfaits de leurs expériences. Mais tout de même avec un déficit d’environ 100 000 $.
Ensuite l’équipe a préparé l’édition de 2020 où il y a eu un léger surplus. On pensait qu’on était dans la bonne direction et quelques semaines après, il y a eu la pandémie de COVID-19. C’était alors défi après défi.
Malgré la période difficile, le Festival a offert des éditions virtuelles et hybrides…
En 2021, la programmation était uniquement en ligne. Il y a eu beaucoup d’insatisfaction du public francophone. Je dirais que ces critiques nous ont en quelques sortes réveillés pour écouter la communauté et créer des engagements envers la francophonie.
Avec ce travail, on a rectifié le tir pour l’édition de 2022 qui a été hybride. Il faut souligner que les aides d’urgences des différents paliers de gouvernements ont été importantes dans ces temps pour assurer la continuité de nos équipes et la continuité de la situation financière.
Justement sur ces critiques au sujet de la place du français, comment le plus grand évènement hivernal francophone de l’Ouest trouve l’équilibre entre ses racines et son ouverture?
Le Festival a toujours été un mélange de traditionnel et de contemporain, de francophones et d’anglophones et même de langues autochtones. Le Festival a toujours eu une ouverture à la pluralité de disciplines et de langues. Cependant, le français doit rester prioritaire.
La difficulté de l’édition virtuelle est que les gens ne pouvaient voir qu’un spectacle à la fois. S’ils choisissaient le spectacle anglophone, ils étaient pris en anglais. Alors qu’avec une édition en personne, les gens ont le choix entre cinq à six spectacles à la fois.
La clé c’est d’offrir le choix pour les festivaliers. Il faut cependant offrir une majorité de la programmation en français, il faut des maîtres de cérémonie francophones.
Cette année, toute notre signalisation n’a pas été traduite en anglais. Par exemple, la Cabane à sucre n’a pas été traduite. On demandait aux anglophones d’apprendre le mot cabane à sucre.
Quels sont les accomplissements dont vous êtes particulièrement fier?
Il y a deux points sur lesquels j’insisterais.
Le premier est celui de la solution ultime aux files d’attente. Pendant longtemps, même avant mon temps, les festivaliers se sont souvent plaints du temps d’attente à l’extérieur des tentes. Cette année, la formule a bien fonctionné alors j’assume que c’est un legs qui va rester.
Le deuxième est la Soirée de la Fierté du Voyageur. À la première édition, il y avait environ 300 personnes. Cette année, c’était plus de 1 000. C’était une soirée où la tente était pleine. Il y a eu un vrai appui de la communauté envers cette soirée, les festivaliers peuvent découvrir quelque chose de nouveau. Il y a aussi des personnes qui n’étaient jamais venues au Festival qui sont venues pour la première fois grâce à cette soirée.
Il n’y a pas d’autres évè-nements qui mettent les personnes 2SLGBTQIA+ francophones en priorité. Le Festival est devenu une plate-forme. J’espère que cette soirée continuera après moi.
Vous partez donc au Musée canadien pour les droits de la personne, auriez-vous des conseils pour la personne qui va vous succéder?
Il y en a beaucoup. Mais pour résumer le Festival est un mélange de traditionnel avec l’interprétation historique, de la musique, des activités incontournables tout en gar-dant du contemporain et de l’innovation. Pensons à la boite à chansons, aux sculptures interactives. C’est ce mélange qui va garder les francophones et qui va attirer de nouveaux festivaliers.
Un dernier mot…
J’ai le Festival à coeur, j’ai été très touché d’être accueilli par la grande famille du Festival dès mes débuts, que ce soit les anciens Voyageurs officiels, les bénévoles, les membres du CA ou encore les employés de longue date.
C’était chaleureux d’être là pour plusieurs années. Les gens te connaissent, te donnent des hug. Le Festival c’est des retrouvailles. Ces gens-là que je voyais à chaque année vont me manquer.
Mon rapport au Festival va certainement changer, je vais pouvoir fêter l’année prochaine avec moins de stress. Mais je serai toujours là pour donner un coup de pouce si besoin.