Peu de choses prédestinaient Pierre Dubreuil à être l’entraîneur des Pilots, ni de vivre à Otterburne au Manitoba. « J’ai passé presque toute ma vie en France. J’ai commencé à pratiquer le basket à 15 ans, ce qui est un peu vieux. Très rapidement, je me suis intéressé à être entraîneur et aussi arbitre dans mon club à Rennes, en France. Sauf qu’en France, ce n’était pas un métier à temps plein. Je travaillais donc dans la vente à côté de ça. »
L’année 2018 va changer beaucoup de choses pour Pierre Dubreuil. Il va d’abord se rapprocher grandement du Canada. « Dans une démarche de foi et d’aussi trouver ma voie, je pars au Canada pour essayer d’entraîner. C’est ce qui me faisait me sentir utile. J’ai cette passion pour aider les gens à être meilleur dans le basket, mais aussi en tant qu’humain. J’ai donc commencé à Edmonton pour entraîner dans des camps de vacances, avec l’association Athlètes en action. »
Après cette première expérience outre-Atlantique très satisfaisante, Pierre Dubreuil souhaite continuer au Canada. Il applique dans plusieurs universités à travers le pays. « L’été 2018, il y avait au moins 18 universités qui recrutaient. Providence a été la seule qui m’a répondu et m’a donné une chance. »
Pour sa cinquième saison avec les Providence University College Pilots, le français d’origine, Pierre Dubreuil a été récompensé du titre de meilleur entraîneur au Manitoba. Il revient sur le parcours atypique le menant à cette distinction.
Pierre Dubreuil
Premiers contacts
Depuis ce moment-là, Pierre Dubreuil vit sur le campus de l’université. Il se rappelle de ses premiers contacts en arrivant alors qu’il ne maîtrisait pas parfaitement l’anglais. « Le directeur du département athlétique Scott Masterson a été la première personne que j’ai côtoyée. Je pense aussi à l’entraîneur de basketball féminin et de volleyball féminin. C’est ce groupe avec qui j’ai accroché au début. Je suis venu tout seul au Canada et ils m’ont un peu adopté. J’étais invité à des dîners ou aux fêtes de fin d’année. Ma capacité à communiquer et à engager des discussions était très limitée. Mais j’ai fait le choix de m’immerger complètement dans la langue anglaise. Je ne parlais plus à des francophones, j’ai changé la langue de mon cellulaire et mon ordinateur. Rapidement, je me suis amélioré. »
Pierre Dubreuil sait la chance que le basketball soit un sport international. Cela lui a permis de se faire comprendre de ses joueurs. « Je paierais quand même cher pour voir une vidéo de mes premiers entraînements, ça devait être horrible! (rires) »
Entraîneur principal de la section masculine, Pierre Dubreuil travaille avec des jeunes de 18 à 22 ans. Alors que ces athlètes sont aussi des étudiants, l’entraîneur français tente une approche plus humaine pour tirer le meilleur de ses joueurs. « Être entraîneur, c’est avant tout savoir gérer les relations et les développer. J’essaie d’être plus intéressé par qui ils sont que leurs capacités d’athlètes. C’est très important pour moi que mes joueurs se sentent à l’aise de communiquer. Ce n’est pas évident pour certains d’entre eux, car il y a quand même une relation d’autorité qui peut être compliquée à dépasser. Mais avec mes assistants-entraîneurs, on essaie de créer une atmosphère d’ouverture et de partage. »
Des résultats positifs
Il faut croire que cette gestion porte ses fruits, car les Pilots vivent ces dernières années de belles saisons sous les ordres de Pierre Dubreuil. L’année dernière notamment, l’équipe a remporté son premier championnat au Manitoba en 19 ans. Cette année va aussi dans le bon sens. Les Pilots présentent une fiche parfaite de 8 victoires et 0 défaite en saison régulière. L’équipe de Providence joue aussi des jeux aux États-Unis et a un bilan (à l’heure d’écrire ses lignes) de 14 victoires pour 8 défaites.
Ces bons résultats ont donc donné l’opportunité à Pierre Dubreuil de briller. Mais il n’est pas le seul. Deux de ses joueurs ont remporté des titres personnels. Le pivot Riley Paul a été élu meilleur co-joueur de l’année et l’arrière Joshua Armstrong, meilleur joueur All-Conference. « Ça me fait encore plus plaisir que d’être reconnu moi-même. Ils font un travail extraordinaire, je suis très content pour eux. Ils ont une passion pour le basket et une détermination qui pourraient les emmener à un plus haut niveau. »
Tout le travail de Pierre Dubreuil a aussi eu d’autres conséquences positives. En effet, il a été nommé entraîneur-chef de l’équipe masculine des moins de 15 ans du Manitoba. Il aura la tâche de faire briller l’équipe du Manitoba aux championnats nationaux au Québec cet été.