Alors que je fais mes premiers pas dans le parc, au rythme des airs de violon, je ne sais pas trop où donner de la tête. Entre les sculptures de neige, les roulottes de poutine ou de queue de castor, les tipis, la Boîte à chansons ou encore le Fort Gibraltar il va falloir choisir… Je le sais, je vais avoir le temps de tout visiter. Mais j’ai la patience d’un enfant qu’on emmène à Disneyland, je veux tout faire, tout de suite. Je me dirige donc, suivi de près par mes deux collègues, vers l’entrée du Fort Gibraltar.
Un voyage dans le temps
À peine passé le seuil de l’immense bâtisse en bois, nous sommes salués par trois Voyageurs. L’un d’entre eux porte un chapeau de fourrure, presque aussi impressionnant que sa barbe sous laquelle il est possible de deviner son large sourire. Il est assis sur une botte de foin, les coudes sur ses genoux, légèrement penché vers les flammes qui crépitent dans le foyer devant lui.
C’est comme s’il était là depuis des siècles. Aurais-je voyagé dans le temps? C’est bien l’impression que j’ai.
En m’aventurant de maison en maison, les personnages que je rencontre sont hauts en couleur, amicaux, ils parlent d’histoires comme s’il s’agissait du présent et surtout ils parlent ma langue, mais à leur manière et ça, ça fait chaud au cœur.
C’est donc un peu émerveillé que j’ai fini par quitter le Fort Gibraltar toujours en compagnie de mes acolytes. Il est temps de se rendre à la tente des neiges Liquor Marts, car un concert s’y prépare et nous sommes chargés de faire quelques photos. Même si, l’espace d’un instant, ça m’était complètement sorti de la tête, nous sommes aussi ici pour le travail!
Joie de vivre
Autant vous dire que je suis conquis, à tel point que je me suis rendu au Festival du Voyageur tous les jours depuis vendredi. Que dire de plus? Des sourires, partout, sous les capuches et les tuques, sous les tentes ou les tipis. On entend parler de nombreuses langues, on les voit aussi parfois sur les sucettes au sirop d’érable. On boit, on mange, on rit, on chante et l’on danse, devant et sur scène, même dehors autour des brasiers pour les plus courageux.
Il fait bon vivre à Saint-Boniface en février.
Finalement, de cette expérience, j’ai appris plusieurs choses. D’abord, que j’avais un don inné pour le lancer de haches. Que la poutine était sûrement devenue mon plat préféré. Mais aussi, que j’étais loin de chez moi.
En effet, c’est presque le monde entier qui me sépare du son des vagues qui se brisent, de l’odeur du maquis et des petites ruelles animées de la cité d’Ajaccio, où j’ai grandi.
Pourtant, si cette réflexion se teinte un peu de mélancolie, elle ne m’a frappée d’aucune tristesse. Car si l’insulaire méditerranéen que je suis ne s’acclimatera jamais vraiment aux températures du Manitoba, il s’y sent drôlement bien. Et cette expérience au Festival du Voyageur m’aura prouvé une chose : la joie de vivre, c’est contagieux.