Le grand philanthrope, Marcel André Desautels, connu pour son investissement en faveur de l’éducation au Canada, est décédé mardi 31 janvier.
Le grand philanthrope, Marcel A. Desautels, connu pour son investissement en faveur de l’éducation au Canada, est décédé ce mardi 31 janvier à Toronto où il vivait depuis 1970.
Né à Saint-Boniface en 1934, fils d’Adrien Desautels et de Cécile Beaudry, Marcel A. Desautels a tout au long de sa vie donner plusieurs millions $ pour multiples universités à travers le pays dont l’Université de Saint-Boniface, l’Université McGill, l’Université de Toronto et l’Université du Manitoba.
Diplômé en 1955 du Collège universitaire de Saint-Boniface en baccalauréat ès arts, il poursuit ses études en droit à l’Université du Manitoba où il obtient sa maîtrise en 1965.
Outre son passage scolaire, Marcel A. Desautels aura laissé un legs aux deux universités. Tout d’abord, à l’Université de Saint-Boniface, en 2009, il est notamment le président de la campagne VISION qui avait pour objectif de financer la construction du pavillon des sciences de la santé. Un pavillon qui porte depuis son nom puisqu’il a été le premier donateur de cette campagne à hauteur d’un million $. Le brillant homme d’affaires avait déclaré à l’époque à La Liberté:
« C’est un honneur. C’est même gênant que cela m’arrive. Ce n’est pas pour ça que j’ai donné! » Preuve d’une certaine humilité.
Pour positionner l’USB
La rectrice du Collège universitaire de Saint-Boniface de l’époque et actuelle sénatrice indépendante du Manitoba, Raymonde Gagné souligne que cette campagne a été cruciale pour ce qui allait devenir l’Université de Saint- Boniface. « Cette campagne a beaucoup aidé pour positionner l’institution comme université. Marcel A. Desautels était le président et le donateur principal de cette campagne. On a pu reconnecter avec les anciens du CUSB pour qu’ils puissent continuer d’investir dans leur établissement et leur communauté. »
Outre ces dons, Raymonde Gagné se souvient d’un homme généreux en tout point. « C’était une personne très accessible, très ouverte. Il avait un excellent sens de l’humour. Il était investi en matière d’éducation postsecondaire. Il aimait les jeunes. C’est un des plus grand philanthrope en matière d’éducation postsecondaire. Il avait toujours à coeur Saint- Boniface et le Manitoba.
« La contribution de Marcel A. Desautels allait au-delà du don monétaire, il essayait de développer l’esprit philanthropique chez les étudiants. Il voulait transmettre un message chez eux, l’importance de donner quand on a reçu. Il insistait beaucoup pour rencontrer les étudiants.
« Marcel A. Desautels venait d’une famille assez modeste. Son père était policier pour la ville de Saint-Boniface, il disait souvent que le salaire de son père était peu élevé et qu’il devait travailler pour soutenir ses études. »
Connu également pour son intérêt à la musique, l’Université du Manitoba aussi se souvient de son bienfaiteur et du don le plus important que l’université n’ait jamais reçu. Soit 20 millions $ pour la faculté de musique en 2008 qui porte également son nom. Le Dr Michael Benarroch, président et vice-chancelier de l’Université, s’est ainsi exprimé à propos du bienfaiteur de l’établissement : « L’héritage de Marcel à l’Université du Manitoba est incommensurable. »
D’ailleurs, en 1999, Marcel A. Desautels reçoit le doctorat honorifique de l’USB remis par l’Université du Manitoba. C’est par sa propre réussite que Marcel A. Desautels a pu faire autant de dons. À la tête d’une entreprise de crédit, Creditel, depuis 1971. Il a décidé de la vendre 25 ans plus tard à un concurrent américain.
Son entreprise était devenue l’une des plus grandes agences d’évaluation de crédit et de recouvrement de créances du pays avec 16 bureaux. Il a ainsi pu créer sa propre fondation, la Fondation canadienne de la gestion du crédit qui distribue des bourses aux étudiants en gestion des affaires.
Sophie Bouffard, rectrice de l’Université de Saint-Boniface a eu l’occasion de croiser à plusieurs reprises le chemin de Marcel A. Desautels. « Ce qui m’a marquée lors de nos rencontres c’est son attachement envers l’USB et son désir d’appuyer la jeunesse.
« C’était important pour lui d’appuyer l’éducation postsecondaire. Plusieurs bourses d’excellence ont été créées grâce à lui. Son parcours est très inspirant pour les étudiants. »
Son ami de longue date, Louis St-Cyr, se rappelle d’un homme particulièrement intelligent : « Notre amitié a d’abord commencé par une relation professionnelle. Très rapidement, nous sommes devenus amis. Je lui rendais visite fréquemment, j’étais à Toronto en octobre dernier et nous avons eu l’occasion de nous voir.
Le coeur au Manitoba
« Même si Marcel était parti depuis longtemps, il continuait d’entretenir ses liens avec le Manitoba, que ce soit avec l’USB ou l’Université du Manitoba ou avec ses amis.
« C’était quelqu’un avec un énorme bagage intellectuel et une grande ouverture d’esprit. Il était possible de discuter de tout avec lui, d’art, de musique. Il m’a emmené une couple de fois à l’opéra de Toronto. »
La musique, c’est un autre aspect de la vie de Marcel A. Desautels. Celui qui a chanté dans le choeur à la chorale de Saint-Boniface dès son plus jeune âge, n’a jamais oublié cette passion comme le révèle Louis St-Cyr : « Même à l’âge de 70 ans il prenait encore des cours de chant. C’était un ténor magnifique de très haut niveau.
« Je l’ai vu chanter dans un restaurant à Toronto juste par plaisir, parce que ça le tentait. Et les gens autour s’arrêtaient pour écouter. »
D’ailleurs sa passion pour la musique, il la partageait également avec l’actuelle rectrice de l’Université de Saint-Boniface, Sophie Bouffard. « Je dois avouer que notre passion commune pour la musique a souvent teinté les conversations. Plus que de parler de nos opéras préférés, il nous est déjà arrivé de chanter par téléphone. Il me disait souvent : Sophie, il y a Aida, Boheme et Carmen. On partage deux de trois. »
Raymonde Gagné a, elle aussi, pu voir les talents de Marcel A. Desautels. « Souvent à la collation des grades c’est lui qui chantait la chanson du Collège et tout prenait sens : Mon collège, rien ne surpasse La douceur de ton souvenir. Et je pense à Saint-Boniface quand mon coeur veut se rajeunir. Pour Marcel A. Desautels, le message était rempli d’espoir. »
Le philanthrope franco-manitobain était membre de l’Ordre du Canada depuis 2008, de membre de l’Ordre de l’Ontario depuis 2012 et de celui Manitoba depuis 2019.