Brenda Sawatzky, Local Journalism Initiative Reporter- The Niverville Citizen
À partir d’avril 2023, les patients qui se présenteront dans un hôpital ou une salle d’urgence du Manitoba devront fournir un renseignement personnel supplémentaire au bureau d’inscription : l’ethnie à laquelle ils s’identifient.
Ce nouvel aspect de la collecte de données personnelles est une initiative conjointe de Soins Communs et de l’Université du Manitoba. Son but est d’aider à identifier les inégalités dans l’accès aux soins de santé, leur prestation et leurs résultats en fonction de l’ethnie.
La divulgation d’informations fondées sur l’ethnie est entièrement volontaire pour le patient, qui a le droit de refuser lorsqu’on le lui demande.
La responsable de cette nouvelle initiative de collecte de données est la Dre Marcia Anderson, directrice exécutive des affaires académiques autochtones à Ongomiizwin, l’Institut autochtone de la santé et de la guérison de l’Université du Manitoba.
La COVID-19 : révélatrice des inégalités
Dre Marcia Anderson est également médecin cri-anishinaabe et vice-doyenne de la santé autochtone, de la justice sociale et de la lutte contre le racisme.
« Nous savons qu’il existe des disparités raciales et ethniques dans l’accès aux soins de santé, dans les soins que les gens reçoivent et dans l’état de santé général », dit Dre Marcia Anderson. « Le Manitoba a été un chef de file dans l’utilisation des données pour montrer les effets disproportionnés du COVID-19 sur les communautés racialisées. Maintenant, nous serons la première province à recueillir systématiquement des données autodéclarées fondées sur la race auprès des patients lorsqu’ils accèdent aux soins. »
La directrice de l’exploitation des services de santé de Soins Communs, Monika Warren, espère une large participation des patients, car cette collecte de données pourrait jouer un rôle clé dans l’amélioration des soins aux patients et de la planification de la santé, ainsi que dans la fourniture de services améliorés au cadre de soins.
« La collecte de ces données démographiques est essentielle pour mesurer les disparités en matière de santé qui résultent du racisme, des préjugés et de la discrimination systémiques », explique Monika Warren. « Nous espérons que le public verra les avantages de participer, comme il l’a fait lorsque nous avons recueilli ces identifiants pendant la pandémie de COVID-19. L’autodéclaration est un moyen d’être compté comme un membre de sa communauté raciale ou ethnique et de contribuer à la recherche en santé. »
Une première au Canada
Alors que d’autres provinces canadiennes n’ont pas encore introduit de modèles de collecte de données similaires, l’Institut canadien d’information sur la santé a élaboré en 2022 un ensemble de normes pancanadiennes pour la collecte de données sur l’identité raciale et autochtone spécifiques aux soins de santé.
L’objectif était de créer un système de collecte harmonisé afin que les données compilées avec précision puissent être comparées dans toutes les juridictions. Le nouveau processus du Manitoba s’aligne sur ces normes.
D’autres pays, comme les États-Unis, l’Australie et l’Angleterre, recueillent déjà des identificateurs fondés sur l’ethnie dans le cadre de leurs données sur les soins de santé.
Le Centre for Healthcare Innovation (CHI), exploité conjointement par l’Université de Montréal et Soins Communs, crée le cadre de gouvernance pour la collecte de données du Manitoba et mettra en œuvre des stratégies de formation et d’éducation du personnel sur le sujet.
Le 2 février, Ongomiizwin et le CHI ont organisé un évènement d’engagement communautaire d’une demi-journée au Musée canadien pour les droits de la personne afin d’ouvrir la conversation sur la collecte de données fondées sur la race et sur ce à quoi elle devrait ressembler.
« Un engagement significatif avec diverses communautés noires, autochtones et racialisées sera permanent pour assurer la collecte et l’utilisation sûres et appropriées de ces données », a déclaré Dre Marcia Anderson. « Ces groupes seront également consultés sur leurs priorités en matière de communication des données et de recherche sur la santé. »
Dans tout le système de santé?
Audrey Gordon, ministre de la Santé du gouvernement manitobain, soutient pleinement cette nouvelle initiative.
« Il y a une tolérance zéro pour le racisme dans notre système de santé », affirme Audrey Gordon.
À ce stade, on ne sait pas encore si le programme sera étendu à l’ensemble du réseau de santé.
« Nous attendrons de savoir ce que la province dit à ce sujet pour savoir s’il sera mis en œuvre au niveau des soins primaires ou non », déclare Kristen Fyfe, directrice de la clinique médicale Open Health à Niverville.
Quoi qu’il en soit, Kristen Fyfe affirme qu’elle serait tout à fait disposée à prendre en considération toute formation offerte au personnel d’Open Health sur le thème des inégalités raciales dans les soins de santé.