Depuis qu’il a été élu en 2016 sous la direction de Brian Pallister, ce gouvernement martèle l’importance d’équilibrer le budget et de réduire les impôts. Dans son premier budget l’an dernier, Heather Stefanson, fidèle à l’ADN de son parti, avait opté pour des réductions d’impôt plutôt que de financer adéquatement les soins de santé, l’éducation et d’autres services de première ligne.
En dévoilant son budget, le ministre Cliff Cullen a annoncé qu’il prévoyait des augmentations très substantielles de 11,2 % des revenus en 2023-2024, et de 9,9 % des dépenses sur un budget total de 21,5 milliards $. Une hausse réelle d’autant plus remarquable qu’il prévoit que l’inflation à la consommation tombera à 3,8 % en 2023, comparativement à 7,9 % en 2022.
Ces augmentations sont le résultat d’une chance fiscale inattendue qui tient à une reprise économique générale et à une hausse remarquable des bénéfices de Manitoba Hydro, dont les surplus passent de 120 millions $ en 2022-2023 à 430 millions $. De plus, le gouvernement fédéral augmente ses transferts de 16,8 %, soit de plus d’1 milliard $ pour l’année 2023-2024.
Loin de se servir de ces revenus pour éliminer le déficit, Heather Stefanson a décidé de rejeter l’idéologie qui a guidé son parti depuis 2016 et de desserrer les cordons de la bourse. Après avoir gelé les octrois aux municipalités pendant sept ans, par exemple, le gouvernement annonce qu’elles recevront une hausse extraordinaire de 26,6 % en 2023. Plusieurs grands ministères recevront des augmentations tout aussi inhabituelles. Par exemple, l’éducation postsecondaire (10,6 %), la santé (7,0 %) et les familles (10,6 %).
Bien qu’il persiste à se présenter comme financièrement responsable, ce gouvernement se contredit sur un point fondamental. En effet, il n’est pas du tout responsable d’emprunter de l’argent pour réduire des impôts, alors que les taux d’intérêt augmentent. Malgré des augmentations de revenus inattendues, le gouvernement prévoit encourir un déficit de 363 millions $ en 2023-2024, puisqu’il insiste sur la réduction des impôts. Il se propose, entre autres, d’augmenter le remboursement de la taxe scolaire sur les propriétés, ce qui lui coûtera 453 millions $.
D’évidence, face à l’élection du 3 octobre, ce gouvernement est prêt à désavouer ses principes de responsabilité fiscale pour se refaire une image qui ne colle pas à la réalité des années Pallister/Stefanson.
L’avenir nous dira si l’électorat sera réceptif à cette manoeuvre électorale anti-conservatrice de dernière heure.