Petit survol historique pour se donner une idée des défis que représente l’échafaudage d’un modèle économique.
Le modèle axé sur la production
Le modèle Cobb-Douglas a été développé pendant les années 1920. Il conçoit la production nationale en tenant compte du stock de capital (bâtiments, machines, etc.) et de l’emploi. Ce modèle se concentre donc sur deux variables importantes pour expliquer la production totale d’une économie.
Vu du 21e siècle, cette perspective paraît plutôt limitée, mais une observation intéressante est à noter : le ratio capital/ production et le ratio emploi/production sont constants dans le temps et à travers plusieurs pays.
La productivité mise en valeur
L’Américain Robert Solow a développé une version de ce modèle durant les années 1950 pour calculer la productivité, qu’il a obtenue en soustrayant à la croissance des inputs de capital et du travail la croissance de la production totale. Il en ressort que productivité provient de l’innovation, de la technologie, de la connaissance et de l’habilité.
Grâce au progrès technique, Robert Solow a conclu que l’augmentation de l’output/ capita d’un travailleur américain se situait à 80 %. La productivité est reconnue comme une mesure de la qualité de vie. Cette notion s’avère aussi un outil important pour justifier les augmentations salariales.
La nécessité de prendre en compte l’énergie
Des économistes qui pensent hors des schémas usuels font cependant valoir que les modèles essentiellement fondés sur la production (ceux de Cobb-Douglas ou de Solow) ignorent complètement la dimension de l’énergie, produite par les ressources naturelles. Or la thermodynamique nous dit bien que l’énergie devrait être au centre de la production. Sans énergie, impossible de mobiliser des machines et le travail qu’elles permettent de fournir.
À ces objections, les économistes classiques sont allés jusqu’à suggérer que l’énergie a été écartée du modèle parce que son coût était peu élevé par rapport au coût total de production. C’est pourquoi les modèles néoclassiques traitent l’énergie comme une conséquence de la croissance et non comme un facteur à part entière, comme le capital et le travail.
En fait, ces économistes de la vieille école refusent tout simplement de reconnaître que l’énergie est bel et bien une mesure physique qui agit sur une foule d’activités économiques.
Toutefois, si on reconnaît que l’énergie est importante, une question difficile s’impose : Comment va-t-on l’inclure dans les modèles axés sur la production? D’autres considérations exigent alors aussi d’être prises en compte. Pensons par exemple aux pertes dans l’utilisation des fossiles, comme les émissions de gaz à effet de serre et la chaleur.
Les économistes Gaël Giraud et Robert Ayres vont même jusqu’à suggérer de prendre en compte l’énergie qui mesure le travail utile. Les discussions sont ouvertes.
Reste encore une autre préoccupation en lien avec l’énergie, cette fois très concrète : il n’est pas certain que l’énergie renouvelable sera en mesure de remplacer toutes les énergies fossiles.
C’est dorénavant certain : la macroéconomie ne peut plus ignorer la réalité du facteur énergie. Surtout quand on sait que l’utilisation de certaines énergies fossiles et matières premières vont atteindre leur maximum sous peu.