Contenu commandité par les Rendez-vous de la Francophonie
Pour Louise Richer, fondatrice et directrice générale de l’École nationale de l’humour de Montréal, si l’humour a su traverser les époques, c’est qu’il joue un rôle central dans nos sociétés. « C’est un moyen de conserver et d’alimenter un état de bienêtre. Il est au service du côté lumineux de la force. »
Pourtant, le rire n’a pas toujours été pris au sérieux. « L’humour a longtemps été cantonné à la vie personnelle pour dédramatiser, relativiser, s’apaiser, réduire les tensions […], mais comment se fait-il qu’une fois qu’on passe la porte professionnelle, cela s’évapore? », s’interroge Louise Richer.
Selon elle, ce trait d’esprit reprend aujourd’hui « ses lettres de noblesse ».
Place aux humoristes en herbe
Avec le concours Les As du rire, les Rendez-vous de la Francophonie, en collaboration avec Juste pour rire, ont permis à des humoristes amateurs francophones et francophiles de 13 ans et plus de faire valoir leurs talents en soumettant une vidéo d’humour originale. Un jury, composés d’humoristes professionnels, dont Mario Jean, a sélectionné les dix francophones les plus drôles au pays.
Le public peut dès maintenant voter pour son humoriste en herbe favori du 1er au 31 mars sur rvf.ca
L’humour à l’avant-scène
Janet M. Gibson, professeure de psychologie cognitive au Collège Grinnell, en Iowa, souligne dans La Conversation que « les chercheurs considèrent même désormais le rire comme un facteur d’amélioration potentielle du bienêtre physique et mental ».
Les effets physiologiques du rire sont connus, rappelle Louise Richer : « À savoir, la sécrétion d’endorphine et la diminution des hormones du stress. »
À l’Université d’Ottawa, le Dr Francis Bakewell, directeur du programme de Médicine, éthique et humanité au Département d’innovation en éducation médicale, évoque même les bienfaits possibles d’intégrer une formation sur l’humour au cursus du programme de médecine.
« Il y a comme une réhabilitation de l’humour, une valorisation qui n’était pas présente il y a à peine quelques décennies », remarque Louise Richer. Y compris dans le monde du travail.
« Dans une société de performance où le stress est à son maximum, on est capable de voir comment cette injection-là, cette couleur-là de l’expression est un élément central et de cohésion, poursuit la directrice. Ça se reflète aussi dans les modes de gestion, dans les théories entourant le leadeurship, dans les attributs qu’on recherche dans les qualités d’un leadeur […] On est dans un processus de plus en plus de déhiérarchisation. »
Santé mentale et sociale
Le rire permet en outre de réduire le stress, de briser la glace. Il agit dans « tous ces moments où on vit une tension certaine », observe Louise Richer.
« Si on tombe dans le négatif, souvent l’humour va être un levier pour ramener l’état émotif soit au neutre soit en situation positive. […] Ça nous aide, lors de notre tour de piste sur Terre, à être capables de traverser les épreuves. »
Un vecteur d’autant plus important, selon elle, en cette période post-COVID, où « on se retrouve comme des êtres carencés affectivement ». Car rire reste avant tout un moment de partage : « Quand on rit ensemble […], on se reconnait dans l’autre parce qu’on a compris la blague, on a des références mutuelles. »
Référent culturel francophone
En situation minoritaire, ce potentiel comique peut aussi devenir un élément fédérateur, assure Jonathan Dion, formateur dans le cadre du concours LOL-Mort de rire. Pendant les Rendez-vous de la Francophonie, l’humoriste est d’ailleurs membre du jury pour le concours de vidéos Les As du rire, catégorie jeunesse.
« L’humour a toujours été utilisé pour désamorcer certaines situations. […] Justement en étant minoritaire franco-ontarien, ça fait du bien d’en rire sur scène et de parler de cette situation-là, car c’est une situation que j’ai toujours vécue, que je connais très bien, mais qui mérite aussi d’être abordée dans des spectacles », témoigne-t-il.
Pour une dixième année, les Rendez-vous de la Francophonie, en collaboration avec Juste pour rire, font circuler l’humour en français dans des villes moins fréquentées par les artistes. En mars, l’humoriste Mario Jean se rendra notamment à Yellowknife, Calgary et Winnipeg où il partagera la scène avec notamment Rachelle Elie de l’Ontario, Luc Leblanc du Nouveau-Brunswick et Eddie King, l’un des porte-paroles des RVF 2023.
Peut-on apprendre à être drôle?
« Je ne pense pas que tout le monde soit capable d’être drôle sur scène, mais tout le monde peut essayer. Sans l’essayer, on ne saura jamais ce que c’est notre potentiel », confie Jonathan Dion.
Pour lui, être drôle sur scène et hors de la scène sont deux choses complètement différentes. « Mais dans l’humour, on est capable de trouver soit notre force, soit notre faiblesse. Soit par la présentation du numéro ou par son écriture. »
Le Franco-Ontarien conseille d’ailleurs aux jeunes qui participent au concours de se rendre jusqu’à la fin de la compétition. « J’adore parler aussi de stress pendant mes formations, et comment l’humour est capable d’enlever ou de diminuer l’anxiété. »
« J’ai toujours trouvé que l’ambiance dans un milieu francophone avait un petit quelque chose de brillant, partage Jonathan Dion. On dirait que la francophonie est toujours capable de faire rayonner une fluctuation. »
Le Franco-Ontarien s’est déjà essayé à des scènes dans la langue de Shakeaspeare, mais « ce n’est pas la même chose», avoue-t-il. «En étant minoritaire […], on a encore plus d’impact, on est encore plus capable de faire rire notre public parce qu’on a partagé une réalité semblable. »