Ce n’est pas la première fois que l’Hôpital Saint- Boniface a l’honneur d’être dans ce classement dressé par Research Infosource. En effet, depuis maintenant 11 ans, l’Hôpital se glisse parmi 40 autres hôpitaux canadiens. Une fierté évidemment pour Dr Michael Czubryt, directeur général de la recherche à l’Hôpital Saint-Boniface. « Grâce à ce classement, il y a un indicateur qui montre que l’Hôpital a été très proactif dans le domaine de la recherche et à allouer des moyens. »
C’est d’ailleurs trois pôles en particulier qui ont été reconnus : la recherche cardio-vasculaire, agroalimentaire et sur les troubles neurodégénératifs. Dr Michael Czubryt détaille : « Il y a quatre grands groupes de recherche qui existent et qui sont séparés sur deux campus : Le Centre de recherches Albrechtsen et l’Institut Asper.
« L’Institut des sciences cardiovasculaires s’intéresse à tout ce qui est en lien avec les problèmes cardiovasculaires que ce soit les crises cardiaques, les fibroses cardiaques. On s’intéresse aussi aux complications cardiovasculaires qui peuvent exister avec la prise de certains médicaments anticancéreux.
« La Division des troubles neurodégénératifs se concentre sur des domaines comme la neuropathie, Alzheimer où encore récemment un chercheur s’est joint à la Division pour étudier le trouble du spectre de l’autisme.
« Le Centre canadien de recherches agroalimentaires en santé et médecine se concentre sur les bénéfices de certains aliments dans la médecine. Soyons clair, nous savons les bienfaits des nutriments, vitamines. Là, des chercheurs se penchent sur les histoires comme : l’ail est bon pour telle ou telle maladie, ce genre de choses. Les chercheurs regardent si c’est vrai, comment l’aliment fonctionne, quelle dose est vraiment bonne ou encore quel est le principe actif de cet aliment.
La recherche est un investissement sur du long terme. C’est absolument nécessaire de le faire pour améliorer la qualité de soin des patients.
Dr Michael CZUBRYT
Approcher les jeunes
« Enfin il y a aussi nos groupes de recherches cliniques qui eux couvrent un large éventail de recherches. »
Pour mener toutes ces recherches, ce sont plus de 200 personnes qui se trouvent au Centre de recherche Albrechtsen et 37 personnes à l’Institut Asper. Parmi ces 237 personnes, il faut compter les chercheurs principaux, les associés en recherche, les techniciens en recherche et des étudiants.
C’est l’un des aspects qui tient le plus à coeur du Dr Michael Czubryt : les étudiants. Puisqu’il sait qu’il faut donner le goût de la science aux plus jeunes. « Outre des étudiants, nous accueillons également des plus jeunes pour être volontaires dans les laboratoires pour leur donner une expérience.
« Nous hébergeons le Youth BioLab Jeunesse, qui existe depuis maintenant dix ans. C’est quelque chose d’assez unique puisqu’en fait, c’est un laboratoire qui est spécialement conçu pour accueillir des élèves de la 4e à la 12e année. Ils peuvent venir pour une demi-journée, une journée complète parfois même pour une semaine complète suivant les besoins des écoles.
« Dans le Youth BioLab Jeunesse, ces jeunes peuvent apprendre comment leur corps fonctionne, en apprendre davantage sur certaines maladies. Nous ne sommes pas là pour enseigner la science à la place des enseignants, mais pour enseigner à propos de la science. C’est une occasion pour eux de voir les sciences sont un nouvel angle.
« Chaque année c’est prêt de 7 000 élèves qui viennent au Youth BioLab Jeunesse. »
Investissement
Si en général le budget annuel alloué à la recherche tourne aux alentours de 12 à 13 millions $, Dr Michael Czubryt pointe que le Canada pourrait faire mieux en matière de financement. « D’abord, il faut préciser que le budget de l’Hôpital est possible parce qu’il y a des dons fait à la Fondation. Puis il y a l’argent que les chercheurs obtiennent pour leur recherche.
« La recherche est un investissement sur du long terme. C’est absolument nécessaire de le faire pour améliorer la qualité de soin des patients.
« Au Canada, nous sommes légèrement sous financés pour la recherche en comparaison avec d’autres pays dans le monde comme les États-Unis, le Royaume-Uni ou encore l’Australie.
« Si un chercheur candidate au niveau fédéral pour du financement, il aura 15 à 20 % de chances d’être financés parce que les fonds sont insuffisants. Il faudrait au moins remonter à 35 %. »
Chaque année, les chercheurs de l’Hôpital Saint-Boniface publient environ 200 articles dans les revues scientifiques.
Un sport d’équipe
Dr Michael Czubryt insiste sur l’importance et la nécessité des recherches dans le monde médical. « La réalité est que nous pouvons apporter un traitement dans les cliniques, uniquement lorsque nous l’avons bien étudié. Derrière un médicament, il y a parfois 20 ans de recherche et d’autres médicaments ont échoué pour tout un tas de raison. Il faut creuser profondément pour trouver le trésor.
« Après des efforts communs et beaucoup de recherche, il peut arriver finalement qu’on trouve quelque chose de nouveau qui peut largement améliorer la qualité de vie des personnes.
« C’est ce qui est passionnant avec la recherche. Tu vas souvent aller dans une nouvelle direction que tu n’avais pas anticipée. Tu découvres des choses que tu ne pensais pas trouver. »
Il tient d’ailleurs à donner quelques exemples où la recherche a permis d’améliorer la vie des personnes. « Il y a 30-40 ans, si vous faisiez une crise cardiaque, vous n’y surviviez pas. Maintenant, il y a davantage de chances d’y survivre. Mais les recherches ont montré que les patients qui survivaient à une crise cardiaque pouvaient développer une insuffisance cardiaque. Alors maintenant des chercheurs se concentrent sur comment prévenir cette insuffisance.
« Il y a encore tellement à découvrir, c’est passionnant. La recherche c’est un sport d’équipe qui ne serait pas possible sans les gens qui investissent dedans. »