Environ cent personnes ont marché, samedi 25 février, à Saint-Boniface, pour soutenir les personnes sans-abri et marquer l’évènement national « la nuit la plus froide de l’année ». Un rendez-vous annuel où des fonds sont récoltés dans plusieurs grandes villes du Canada.
Peu avant 16h, les participants commencent à affluer vers le sous-sol de l’église catholique Holy Cross, au 252 rue Dubuc. Des bénévoles de l’organisme organisateur, St. Boniface Sreet Links, s’adonnent, pendant ce temps, à des tâches multiples.
Marianne Savard est aux fourneaux. Elle gère bénévolement la cuisine de l’église depuis qu’elle est à la retraite. Appuyée par cinq autres bénévoles, elle s’active à préparer le souper qui sera servi au retour des marcheurs.
« C’est important pour moi de donner pour ma communauté. Depuis que je suis à la retraite, j’aide comme je peux », lance-t-elle, résolument.
À côté, d’autres bénévoles recueillent les dons des participants. Des bonnets sur lesquels on peut lire Coldest Night sont offerts aux donateurs, en guise de souvenir.
Marc Larocque, conducteur de camion de profession, affiche fièrement son bonnet. « J’habite sur la rue Marion et je suis un fidèle de l’église. Je ne pouvais donc pas manquer cet évènement », sourit-il.
Marc Larocque, qui est un habituer des longs trajets, affirme bien connaître le froid de l’hiver et les souffrances des personnes sans-abri. Le décès, en décembre 2022, d’une jeune femme de 27 ans dans un abribus à Saint-Boniface, l’avait particulièrement affecté. Il lui tenait à cœur de faire un don et marcher pour une cause qu’il considère « noble ».
« C’est une question de vie ou de mort »
C’est le cas aussi de Jessica McKague, artiste peintre. C’est la deuxième année consécutive qu’elle participe à l’évènement comme bénévole. Cette année, elle aide notamment à récolter les dons avec son ami Arthur Weldon, organisateur principal de la marche. Il est travailleur communautaire en santé mentale à St. Boniface Street Links.
« C’est une question de vie ou de mort pour les sans-abri, en cette période. Les hivers sont rudes à Winnipeg. Puis, cela nous fait chaud au cœur de savoir que nous pouvons leur être utile », lâchent les deux amis, les larmes au bord des yeux.
À un moment, tous les regards se portent sur un couple qui fait son entrée dans la salle avec un nouveau-né. Benjamin Bkzylewski et Jennifer Kitcher tenaient, eux aussi, à être de l’évènement. « Arthur Weldon est mon ami. Il m’a convaincu de soutenir cette cause et mon époux s’est joint à nous», atteste Jennifer Kitcher.
À 17h30, environ cent personnes prennent le chemin de la Cathédrale de Saint-Boniface, à leur tête Austin Whidden, ancien ami de fac d’Arthur Weldon.
« Je travaille dans une imprimerie et j’essaie de donner de mon temps pour aider. Je crois que c’est de notre devoir de prendre en charge des personnes qui ne peuvent pas se prendre en charge elles-mêmes », argue-t-il.
« Nous nous sommes connus à la maison Morberg »
La procession, qui a emprunté la rue Des Meurons pour longer la Cathédrale et revenir par l’avenue Taché, observe, au bout d’une heure de marche, une halte en face de l’hôpital Saint-Boniface.
Un groupe de bénévoles attendaient déjà sur les lieux pour offrir du café et des biscuits aux marcheurs. Salvatore Salvaggio et cinq co-résidents de la maison Morberg insistent pour une photo de groupe. Ils font partie de la marche. « Cela fait quelques mois que nous sommes hébergés à la maison Morberg. Nous nous sommes tous connus sur place. Un jour, chacun va partir de son côté. Nous souhaitons immortaliser ce moment », affiche Salvatore Salvaggio.
Autour de 19h, la procession est de retour dans le sous-sol de l’église catholique Holy Cross. Un chili avec du pain sorti droit du four sont servis pour les marcheurs. Du café, des chocolats chauds et plusieurs sortes de biscuits sont également offerts comme dessert aux participants. La soirée se prolonge dans la bonne humeur, avec le sentiment du devoir accompli.
Erwin Reyes et ses trois filles Athena, Akila et Akisha sont fiers de leur participation. « Nous voulons, mon épouse Kate et moi, les initier, dès leur jeune âge, à aider leurs prochains », confie-t-il.
Athena, âgée de huit ans, est la seule francophone de la famille, comme elle fréquente une école d’immersion. « J’ai marché pour aider et pour prendre du plaisir », dit-elle, l’air amusée.