L’analyse des six plus grandes compagnies pétrolières du pays, qui représentent plus des deux tiers de la valeur marchande du secteur, ainsi que d’un regroupement d’acteurs du milieu, met en évidence une double stratégie visant à augmenter la production de pétrole et de gaz et à influencer les politiques climatiques canadiennes, et ce, en dépit de leur promesse d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et des appels lancés par de nombreux experts en faveur d’une élimination rapide des combustibles fossiles afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius.
“Malgré les campagnes de communication +vertes+ de l’industrie, les preuves illustrant les efforts déployés pour s’opposer à des politiques climatiques pertinentes suggèrent un engagement peu sincère envers l’action climatique”, a déploré Sofia Basheer, analyste d’InfluenceMap dans un communiqué.
Dans son rapport, l’analyste cite notamment le soutien du secteur à de nouveaux projets pétroliers et gaziers offshores, à des installations de gaz naturel liquide et aux oléoducs vers les États-Unis.
Plusieurs de ces entreprises se sont également opposées à un plafond d’émissions proposé par le gouvernement en 2022, souligne l’ONG.
Dans son analyse, Sofia Basheer met en avant “l’utilisation par l’industrie de messages trompeurs” tels que les bienfaits liés à l’augmentation des exportations canadiennes de pétrole et de gaz pour remplacer le charbon ailleurs dans le monde, permettant ainsi une réduction globale des émissions.
Plus récemment, en réponse à l’invasion de l’Ukraine, le secteur a affirmé que le pétrole et le gaz canadiens pourraient remplacer les “sources d’énergie hostiles” provenant de pays comme la Russie, ajoute le rapport.
Quatrième producteur de pétrole au monde, le Canada a vu les émissions de son secteur du gaz et du pétrole augmenter de 74 % entre 1990 et 2020.
Le secteur est le plus gros émetteur de gaz à effets de serre. Il représente plus d’un quart des émissions nationales totales avec 179 mégatonnes de dioxyde de carbone émises en 2020.
Quatre des entreprises examinées — Cenovus Energy, Canadian Natural Resources Limited, Imperial Oil et TC Energy — ont fait preuve d’un “manque d’engagement en matière de politique climatique”, conclut InfluenceMap.
Suncor Energy et Enbridge, quant à elles, “semblent s’engager positivement dans certains domaines de la transition énergétique tout en s’opposant à d’autres”.
Enfin, l’Association canadienne des producteurs pétroliers semble être “la plus proactive et la plus opposée aux progrès de la politique climatique”, avance le rapport.
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