À l’entrée de l’école d’immersion George McDowell, des symphonies éparses, à coups de flûtes traversières et de guitares, se font entendre. Des binômes d’élèves, répartis à travers les couloirs longeant les classes de cours, font comme écho de leurs instruments à ce grand tableau qui affiche des inscriptions à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs. Les visiteurs peuvent y lire : Diversité, appartenance, bilinguisme, fierté, respect…
Sept jeunes élèves, parées de leurs costumes confectionnés pour l’occasion sont à l’accueil.
« Voilà quelques jours qu’elles sont toutes excitées à l’idée de figurer dans le journal La Liberté », lance Patrice Chartrand, directeur adjoint de l’école.
Ariel Kromah est la première à se présenter. Elle porte un costume traditionnel du Libéria. Elle sera suivie d’Abigail Abraha et Selihom Petros, qui portent une robe Chiffon et une Zuria d’Érythrée.
Leur camarade de classe en 6e année, Victoria Ainah Owadokun, a choisi de ne pas s’habiller spécifiquement pour l’occasion. Elle fait, cependant, partie du Comité des étudiant.e.s chargé.e.s de l’organisation des activités autour de la célébration du mois de l’histoire des Noirs.
À côté, Phylicia Blake, habillée d’une robe traditionnelle de la Jamaïque, est accompagnée par sa camarade Kyla Peters. Elles sont en classes de 7e et 8e et elles attendent depuis un moment le signal de leurs enseignants pour parler de leur projet.
Il s’agit d’un motif en forme de coeur multicolore.
« Le noir représente les personnes résilientes dont l’existence en tant que nation est honorée et affirmée par l’existence d’un drapeau, et le rouge symbolise le sang de vies Noires innocentes qui a été versé à travers l’histoire. Quant au jaune, il est synonyme d’optimisme, de justice et d’égalité pour tous, et le vert évoque la riche verdure et d’autres ressources naturelles de l’Afrique », expliquent-elles, toutes fières.
Le motif sera imprimé sur des chandails et la direction de l’école a déjà passé la commande auprès d’une entreprise.
« Honorer le passé, s’éduquer aujourd’hui »
Martina Soliman ne tardera pas à se présenter avec son costume brodé de motifs symbolisant l’Égypte antique des Pharaons. Elle aussi est fière de parler de sa création.
Martina a préparé des collants qui ont été distribués à tous les élèves lors d’un rassemblement, le 2 février, pour donner le top départ des activités.
« Ce collant représente l’alliance et la diversité de tous les membres de la communauté de l’École George-McDowell. Les mots ‘’hier’’, ‘’aujourd’hui’’ et ‘’demain’’, représentent le message suivant : Honorer le passé, s’éduquer aujourd’hui afin d’inspirer le futur », dit-elle, toute joyeuse.
Jacqueline Chan et Marc Nault, enseignant.e.s de ser-vices aux élèves, invitent maintenant les sept membres du Comité à faire le tour des portes de leurs classes de cours, qu’elles ont ornées de portraits et de post-its en rapport avec des personnalités Noires du Canada.
L’histoire et les combats menés par Michaëlle Jean, Balarama Holness, Ida B Wells et Michelle Jean-Paul sont brillamment récités et expliqués par les huit jeunes étudiantes.
« Nous avons laissé libre cours à leur création et elles ont été surprenantes. Elles nous guident vers des lendemains meilleurs et prometteurs », lâche Marc Nault.
Comme l’expérience des costumes est à sa première année dans l’école, l’enseignant de services aux élèves avait quelques craintes, mais qui se sont vites dissipées.
« Nous étions quelque peu inquiets de voir les porteuses de costumes se faire taquiner dans les couloirs de l’école, mais nous n’avons pas eu de problèmes, finalement. Bien au contraire, nous avons remarqué une grande fierté chez les différentes cultures. C’est une première pour le personnel de l’école », raconte Marc Nault.
Des thématiques à longueur de l’année
Pour maintenir cet esprit de diversité tout au long de l’année scolaire, Jacqueline Chan a proposé à ses collègues enseignants un livre d’appui pour leur groupe de lecture.
Grâce au titre « Ce livre est antiraciste », les enseignants de l’école abordent désormais de façon régulière des thématiques qui permettent aux élèves une meilleure connaissance de l’histoire.
Un jeu instructif a été d’ailleurs organisé entre les différentes classes de l’école, ce mois-ci. Des questions sur 49 personnalités Noires importantes dans l’histoire du Canada ont été soumises aux élèves. La classe qui avait obtenu le maximum de bonnes réponses a eu droit à un dîner de Pizza.
D’autres classes de cours, à l’exemple celle de Multimédia, ont également innové en créant des affiches et une vitrine artistiques.
La directrice de l’école, Paula Meyer, particulièrement humble et discrète, s’est effacée le long de la visite pour mettre en avant ses élèves et ses collègues. Elle est pourtant membre du comité d’organisation. Sur insistance du personnel, elle finit par dire un mot : « Nous avons fait confiance à leur créativité ».