Le Festival du Voyageur, c’est la célébration de l’histoire, de la joie de vivre, de l’art et de la fraternité avec les peuples autochtones.
L’équipe a donc donné la part belle à l’art autochtone au Parc du Voyageur cette année, et c’est avec beaucoup d’enthousiasme que Barney Morin, coordonnateur des initiatives autochtones, explique ce que réserve le Festival 2023 :
« On travaille avec neuf artistes différents pour une exposition appelée Stories Carried by Smoke. Ces artistes autochtones viennent d’un peu partout au Canada et ont créé des oeuvres spécialement pour le Festival. »
Lors de cette 54e édition, les festivaliers peuvent donc s’attendre à retrouver ces oeuvres un peu partout dans le Parc, et sous toutes les formes. « Les oeuvres vont aborder toutes sortes de thèmes : la colonisation, la traite des fourrures, mais aussi la vie. Les artistes ont joué avec une multitude de thèmes, mais aussi une multitude de médiums. »
La palissade du fort a même été mise à profit pour y exposer quelques oeuvres, et le feu d’infinité, déjà présent l’an passé, sera de retour cette année.
L’occasion de collaborer, une fois de plus, avec une artiste autochtone. « Nous avons travaillé avec Candace Lipischak, une artiste Métisse multidisciplinaire, explique Barney Morin. Elle s’est occupée de créer des nouveaux designs pour l’intérieur du feu d’infinité. »
Lancer le dialogue
« Le but, c’est de donner de la visibilité aux artistes autochtones, souligne Barney Morin. Cela donne l’opportunité aux gens de voir ou découvrir ces oeuvres, et peut-être aussi d’en être inspiré(e)s. »
Mais il ne s’agit pas seulement de mettre en avant les artistes autochtones. L’histoire que promeut le Festival est intimement liée à la colonisation, et pour le coordonnateur des initiatives autochtones, lui-même Métis, il est important de mettre cela en lumière.
« Il est nécessaire que l’on en parle. C’est important d’avoir une conversation, un dialogue, même si ce n’est pas confortable, tranche-t-il. On essaie donc de mettre en avant des cultures, des langues autochtones, à travers l’art, la musique, la langue, mais aussi par les histoires. »
C’est pourquoi cette année, le Festival propose également une série de vidéos appelées Histoires hivernales. « On aura la chance d’y entendre des histoires traditionnelles en langue autochtone. » Ces dernières seront diffusées sous un tipi au coeur du Parc du Voyageur.
Une Autochtone en charge
Et parce que, comme Barney Morin le dit lui-même, « on ne peut pas parler des Autochtones sans les Autochtones », l’équipe du Festival du Voyageur a fait appel à Becca Taylor, artiste et conservatrice d’origine crie et métisse pour s’occuper de toute la série Stories Carried by Smoke.
En ce qui concerne la place accordée aux peuples autochtones au sein du Festival du Voyageur, les choses semblent donc aller dans le bon sens. Mais Barney Morin reconnaît qu’il reste du chemin à parcourir.
« Certes, le nom du Festival n’a pas changé, mais ça fait quatre ans que la position que j’occupe existe. Ma prédécesseure, Robyn Adams, a pavé la route vers une meilleure inclusion. Notre directeur artistique a su entendre ce que l’on demandait et il a modifié ses plans pour nous permettre d’incorporer plus de travaux et d’artistes autochtones. On continue le travail, ensemble. »
Un travail qui d’ailleurs se poursuit même en dehors du Festival. En partenariat avec l’Union nationale métisse Saint-Joseph du Manitoba, et ce depuis le printemps dernier, des ateliers de perlage sont organisés tous les 15 jours.
Le temps d’une journée pendant les dix jours de Festival de février 2023, celle de la Journée Louis Riel le lundi 20 février, un cercle de perlage sera ainsi mis en place au deuxième étage de la Maison du Bourgeois, au coeur du Fort Gibraltar.
Un travail collaboratif
Ayant supervisé toute l’exposition, Becca Taylor est à même de nous en dire un peu plus sur les oeuvres qui habilleront l’espace du Festival :
« Des films, des projections et des projections interactives. Il s’agit d’une série de créations visuelles sur lesquelles les artistes ont travaillé, en adéquation avec le thème de l’identité et de la transmission.
« Par exemple, les festivaliers pourront marcher au travers d’une oeuvre qui sera projetée sur l’un des chemins de neige. Une autre projection, dans une tente, répondra à son public. C’est un travail très expérimental et très abstrait », signale-t-elle.
C’est d’ailleurs pour cette raison que des panneaux descriptifs accompagneront les pièces de l’exposition.
L’artiste en est cependant convaincue, ce concept d’art en mouvement se prête parfaitement au jeu du Festival. « Le Festival se déroule sur plusieurs jours et nous voulions que les festivaliers puissent redécouvrir les pièces présentées à chaque visite », explique-t-elle.
Elle-même artiste et commissaire de métier, Becca Taylor n’en est pas à son premier rodéo. « C’est la première fois que je travaille pour un festival, admet-elle, mais j’ai déjà travaillé sur des expositions avec plus de 40 artistes. »
À l’expérience de la jeune femme s’est ajoutée celle de l’équipe du Festival du Voyageur : « C’était un plaisir de travailler avec eux. Ils ont travaillé dur pour que je puisse réaliser ma vision. Leur expertise était importante pour moi, on a vraiment effectué un travail collaboratif. »
Becca Taylor a notamment apprécié la liberté qui lui a été donnée à l’égard du thème et du concept de l’exposition. Un beau signe de confiance de la part de l’équipe du Festival du Voyageur.
Mais surtout, pour la commissaire, ce partenariat revêt une importance qui va au-delà de l’art. C’est un pas important, même si « la réconciliation n’arrivera pas après un évènement seulement.
« C’est quelque chose sur lequel il faut continuer de construire. C’est une relation en cours. Il y a tout un tas d’artistes, d’intellectuels et d’activistes autochtones qui font un travail fantastique. Lorsque de grandes organisations comme le Festival du Voyageur les invitent et les valorisent, c’est super. »