Et pas juste parce que la Constitution canadienne dispose que les Provinces sont responsables des soins de santé ainsi que de l’éducation et de la formation des professionnels dont le système a besoin pour fonctionner adéquatement. Mais aussi parce qu’il y a déjà plus de deux décennies, notre Province a tenu à fermer les écoles d’infirmiers.ères rattachées aux hôpitaux pour remettre cette responsabilité aux universités.
Quelques années après cette réforme, après avoir constaté le bas niveau d’inscriptions d’étudiantes et d’étudiants à l’université, les Soeurs Grises prévoyaient déjà la pénurie d’infirmiers.ères que nous connaissons aujourd’hui pour répondre aux besoins d’une population grandissante et vieillissante. Une pénurie de personnel d’autant plus inadmissible du fait des retraites prévisibles des baby-boomers qu’elles avaient formées. (Aujourd’hui âgées entre 57 et 76 ans)
Il faut aussi savoir que notre Province a restreint le financement nécessaire aux universités auxquelles elle avait pourtant confiée la responsabilité sociale d’assurer le nombre de places requises pour combler les besoins futurs dans le domaine de la santé.
Une situation semblable afflige le recrutement de médecins. Ce n’est pourtant pas faute de candidats qualifiés et intéressés. Dans le Globe & Mail du 13 décembre 2022, le journaliste Greg Mercer rapportait que 9 demandes sur 10 sont rejetées par nos 17 écoles de médecine au Canada. Son article mentionnait ensuite les 300 étudiants canadiens qui représentent 40 % du Royal College of Surgeons en Irlande. D’autres encore poursuivent leurs études de médecine en Australie, en Angleterre, dans les Caraïbes, en Israël et aux États-Unis.
L’article précisait par ailleurs que ces étudiants, alourdis d’une dette d’environ 80 000 $ pour chaque année de formation, vont ensuite plutôt travailler dans d’autres pays (surtout aux États- Unis), parce que notre système de santé est inadapté (trop lent, trop peu efficace) pour répondre à leur demande d’exercer leur profession au Canada.
Quant aux personnes ayant été accréditées comme médecin ou infirmier.ère dans un pays qui n’est pas du Commonwealth (mettons la France), il est d’emblée plus difficile de se qualifier pour travailler au Manitoba. En plus, elles doivent maîtriser l’anglais à un niveau élevé, même si elles désirent de préférence répondre aux besoins criants de la clientèle francophone de notre province. Inutile de préciser qu’au Manitoba, les infirmiers.ères peuvent être unilingues anglophones.
Ce n’est que trop clair : la Province doit former davantage d’infirmiers.ères et de médecins. Elle doit aussi revoir sa Loi sur les professions de la santé réglementées afin de pouvoir accepter un plus grand nombre de médecins et d’infirmiers.ères de l’extérieur du pays. Car l’enjeu est aussi de mieux répondre aux besoins immédiats.