Sur les 100 millions $, la Division scolaire franco-manitobaine devrait recevoir entre trois et quatre millions $. Une nouvelle en demi-teinte.
Par Ophélie DOIREAU et Mehdi MEHENNI
Avant de rentrer dans le vif du sujet, Alain Laberge, directeur général de la Division scolaire franco-manitobaine (DSFM) pose les contours d’un système particulier au sein de la division. « Notre modèle de financement est complètement différent des autres divisions scolaires. C’est- à-dire que les divisions scolaires reçoivent un certain montant de budget et elles reçoivent une allocation pour la taxe scolaire. Cette taxe a été gelée à2% depuis trois ans.
« La DSFM, par la suite, va collecter un % lié au nombre d’élèves par division scolaire anglophone. Par exemple, la Division scolaire Louis-Riel reçoit un certain montant de taxes, on regarde le nombre d’élèves dans notre système qui habitent dans la division scolaire Louis-Riel et on leur demande de nous redonner une partie de ce qu’elle prélève. »
Un système, en effet, bien technique et qui demande à la DSFM d’être capable de s’adapter constamment. L’annonce faite par le ministre de l’éducation, Wayne Ewasko, le 2 février a alors été une petite surprise.
« Une surprise qui nous a légèrement pris de court. Parce qu’il faut comprendre qu’à la DSFM on fait notre budget initial. Et on prépare un budget complémentaire qui l’accompagne.
« L’argent dans le budget complémentaire n’est pas nécessairement désigné revenir l’année d’après. L’argent n’est pas annualisé. Par exemple, cette année notre budget initial est de 102 millions $ alors que notre budget complémentaire est de 107 millions $.
Une nouvelle formule
« L’augmentation de 2,6 % est réelle. Mais il faut mettre un bémol puisque nous allons devoir payer les augmentations de salaires qui vont arriver, qui vont être probablement au dessus de 3 %.
« Cette augmentation va nous servir dans la conclusion des négociations entre les enseignants et le ministère de l’éducation. Quelque chose pourrait être réglé dans les trois ou quatre prochains mois. Après que ce soit réglé, s’il reste de l’argent, on s’assure que les élèves reçoivent une éducation de base et de qualité. Les montants additionnels ne vont jamais dans le recrutement de nouvelles ressources humaines. Parce que ce ne sont pas des budgets annualisés. »
De son côté, Lillian Klausen, présidente des Éducateurs et éducatrices francophones du Manitoba, souligne que cette augmentation pour les divisions scolaires ne va pas changer la donne.
«Je ne crois pas que ce financement viendra réparer les années de sous-financement que les écoles ont vécues ces dix dernières années.
« Ce qui rendrait les financements plus prévisibles c’est de développer un système de financement concret. Alors lorsqu’on donne un certain montant et qu’on annonce des ajouts par-ci, par-là pendant l’année, il devient difficile pour les divisions scolaires de faire des planifications budgétaires. »
Les salaires et les transports
Une réalité qu’a constaté Alain Laberge. « 80 % de notre budget concerne la masse salariale. Une augmentation de salaire de 3 % représente environ 2 millions $ de plus dans notre budget. Ça c’est si l’augmentation prévue est de 3 %. Dans un budget les “peut- être” c’est super difficile à insérer.
« Ce financement supplémentaire ne répond pas à tous nos besoins. Outre les salaires, tout est en augmentation à cause de l’inflation. Si on se concentre sur le transport, il représente 12 % de notre budget. Le prix de l’essence, il y a un an était moindre que cette année.
« Avec la hausse d’inscriptions d’élèves, on a besoin de plus d’autobus ce qui veut dire plus d’essence. Un autobus coûte 80 000 $. Présentement la DSFM en a 155. On sait déjà qu’il en faudra deux de plus l’année prochaine. Il faut ensuite compter le carburant, si on charge 1,50 $/litre, les autobus parcourent environ 200 kms matin et soir. La facture peut vite grimper.
« Alors oui on est content de l’annonce du financement. Mais quand on décompose nos dépenses actuelles, ça ne les couvre pas. »
Une budgétisation compliquée même pour la Province qui travaille actuellement sur un nouveau modèle de financement. Lillian Klausen remarque qu’ « ils pensaient que ce serait simple et que cette nouvelle formule serait plus équitable pour tout le monde. Mais le financement de l’éducation dans notre province est quand même très complexe. Les besoins sont très différents de région en région, entre zones rurales, urbaines, on a de vastes territoires. »
Un fait qu’Alain Laberge porte auprès du ministère depuis son entrée à la division scolaire. « Pour être pleinement satisfait, on aimerait que le gouvernement reconnaisse la particularité d’une division scolaire géographiquement unique qui se ressent dans notre budget de transport. »