Les 13 premiers ministres des Provinces et Territoires tiennent à rencontrer le premier ministre du Canada pour exiger des fonds du Fédéral afin de soutenir leurs soins de santé. (Imaginons 13 loups affamés encerclant le chevreuil réputé bien portant pour le dévorer sous l’oeil des caméras des médias.)
Les Provinces et Territoires veulent que ces transferts de fonds se fassent sans conditions, puisque constitutionnellement les soins de santé relèvent des Provinces. Mais pourquoi le gouvernement fédéral percevrait-il des impôts pour financer les responsabilités des Provinces? Pourquoi les Provinces ne prélèveraient pas les impôts nécessaires pour financer leurs propres responsabilités? Cette avenue réduirait le chamaillage et la politicaillerie, bref tout le théâtre politique qui ne fait que distraire et camoufler les problèmes réels.
Pour les citoyens, il n’y aurait aucune différence que les impôts sur les revenus déduits de leur chèque de paye aillent à 40 % au gouvernement provincial et à 60 % au gouvernement fédéral, plutôt que l’inverse. De toute façon la grande majorité des citoyens ignore quelle proportion de leurs impôts sur le revenu va à la Province par rapport au Fédéral.
Au fait, que ferait la Province du Manitoba si elle recevait demain matin un chèque de 500 millions de dollars d’Ottawa pour améliorer les services de soins de santé? Cet argent n’ajouterait à court terme aucun.e infirmier.ère, aucun médecin, aucun lit d’hôpital et aucune unité supplémentaire pour soins de longue durée. Car les soins de santé ne sont tout simplement pas prioritaires pour ce gouvernement. Il en va de même pour la plupart des autres Provinces et Territoires.
Ainsi le gouvernement de la Coalition Avenir Québec a distribué de beaux chèques aux citoyens avant les récentes élections provinciales. En plus il a promis de réduire les impôts. Le gouvernement conservateur de l’Alberta vient de faire des annonces semblables, simplement encore plus importantes (en tout 2 800 millions $) pour la même raison : tenter d’acheter des votes.
Pour revenir au Manitoba, la première ministre annonçait récemment qu’elle réduirait les impôts provinciaux en 2023 plutôt que d’allouer les fonds nécessaires au secteur de la santé. Une contribution du Fédéral lui donnerait tout simplement la possibilité de réduire davantage les impôts provinciaux. Il est à noter que les transferts du Fédéral au Manitoba pour l’année 2023–24 se chiffreront au total à quelque 5 881 millions $, soit une augmentation de 733 millions $, c’est-à-dire plus de 12 % par rapport à 2022-23.
Rappelons, pour renforcer l’argument de la politicaillerie, que le gouvernement provincial a, entre autres mesures, déjà réduit la taxe de vente de 1 % et a promis de la réduire d’un autre 1 % pour l’amener à 6 %. Alors qu’en Ontario, une province beaucoup plus riche que le Manitoba, elle est toujours à 8 %.