Une motion qui pourrait conduire à la modification de la Charte de la Ville de Winnipeg, ce qui demanderait l’aval de la Province. 

À l’heure actuelle, les services en français doivent être offerts uniquement dans le district Riel qui regroupe les quartiers de Saint-Boniface, Saint-Vital et Saint-Norbert. Cependant, comme le souligne Matt Allard, conseiller municipal de Saint- Boniface, les francophones se trouvent partout dans la Ville. « C’était une de mes promesses de campagne si j’étais élu. 

« La Société de la francophonie manitobaine (SFM) avait posé des questions pour comprendre l’engagement des élus vis-à-vis de leurs priorités. La SFM avait demandé l’élargissement des services en français dans toute la Ville de Winnipeg. J’ai repris une grande partie de leur proposition pour l’amener devant le comité exécutif. Cependant, j’ai ajouté certains points tels que le besoin de considérer la livraison de services en français en particulier dans les services d’urgences. 

« Il y a plusieurs résidents de Winnipeg qui sont de nouveaux arrivants et qui ne parlent que français. Ils s’attendent à être dans un pays bilingue et quand il y a un problème au niveau de la livraison de services en français, ces personnes se retrouvent dans une situation problématique. » 

Daniel Boucher, directeur général de la SFM, confirme que cette préoccupation est sur les radars de l’organisme depuis plusieurs années. « Depuis longtemps, on discute, en particulier avec le conseiller Allard, sur la question de l’ex-tension des services en français. 

Daniel Boucher
Daniel Boucher est le directeur général de la Société de la francophonie manitobaine. (photo : Marta Guerrero)

| 120 jours 

« La SFM a observé que les francophones étaient partout dans la ville et pas uniquement dans le district Riel. » 

Devant le comité exécutif, composé de Scott Gillingham (maire de Winnipeg), Janice Lukes (Waverley West), John Orlikow (River Heights-Fort Garry), Jeff Browaty (North Kildonan), Brian Mayes (Saint- Vital) et Sherri Rollins (Fort Rouge – East Fort Garry), Matt Allard a défendu sa proposition appuyée par Jason Schreyer, conseiller municipal d’Elmwood-East Kildonan. Finalement, il a été décidé à l’unanimité d’établir un rapport sur les besoins de services en français à Winnipeg. L’administration publique a 120 jours pour rendre ce rapport qui doit se faire en consultation avec la SFM, avec Matt Allard et avec la Division scolaire franco-manitobaine. 

Une consultation qui est la bienvenue pour Daniel Boucher. « Tout d’abord, il faut continuer la révision du plan quinquennal des services en français. Le dossier n’a pas vraiment avancé sauf que c’est le plan d’action qui va définir le quotidien pour les services en français. 

« Il faut aussi comprendre pourquoi la Ville n’arrive pas à respecter ses obligations actuellement envers les services en français. » 

| Accord de la Province 

Le conseiller municipal de Saint-Boniface est confiant pour la suite des choses. « C’est une bonne nouvelle que le maire demande un dialogue avant d’établir le rapport. De plus, si la proposition est adoptée, Winnipeg pourrait devenir leader en matière de services en français. 

« En effet, dans ma proposition, j’ai inclus une partie avec l’Association des municipalités bilingues du Manitoba. La Loi sur les langues officielles prévoit que les municipalités puissent être appuyées pour la livraison des services en français. Jusqu’à présent, il n’y a pas une entente bilatérale entre les municipalités et le fédéral. Si un financement peut s’ouvrir dans ce sens-là, les municipalités pourraient être avantagées. Winnipeg pourrait faire avancer cette idée que le municipal a beaucoup de responsabilités. Mais très peu de pouvoir au niveau de prélever les fonds nécessaires pour maintenir les structures nécessaires. » 

Puisque l’un des enjeux réside là. Avoir les fonds nécessaires pour des services en français dans toute la Ville de Winnipeg. Il faudra aussi les capacités humaines. « Actuellement, il n’y a pas une ligne dans le budget qui dit : Services en français. Chaque département a du budget pour ces services qui n’est pas clairement écrit. 

« Le rapport devra se pencher sur la question de combien il faut pour ces services. Mais aussi sur qu’est-ce que le succès de la livraison des services en français? » 

| Pour une meilleure application des services en français

La proposition de Matt Allard demande aussi à ce que la direction des services en français se rapporte directement au Chef de l’administration de la Ville. Ce qui n’est pas le cas actuellement puisqu’elle relève du secteur des communications. Pour Daniel Boucher, ce mouvement permettrait une meilleure appli-cation des services en français. « Les services en français deviendraient une priorité de la haute direction. La stratégie serait plus transversale et coordonnée. » 

Cependant si le Conseil municipal accepte d’aller plus loin avec cette proposition, il faudra modifier la partie 9 de la Charte de la Ville de Winnipeg. Une modernisation qui nécessite l’accord de la Province. Sans cet accord, la Ville ne pourra pas avancer avec l’élargissement des services en français. Un travail que la SFM a déjà entamé comme le rapporte Daniel Boucher. « La Province, et plus précisément Rochelle Squires, sont déjà au courant de notre volonté d’élargir les services en français. On veut discuter avec la Province sur une approche concertée. » 

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