Quand Heather Stefanson est devenue Première ministre du Manitoba il y a 15 mois, son plan de match était simple : remplacer l’impopulaire Brian Pallister que son parti venait de mettre à la porte par un chef plus à l’écoute de l’électorat.

Par Michel LAGACÉ

Aujourd’hui, les Manitobains sont aux prises avec le plus haut taux d’inflation depuis trente ans, la pandémie n’est pas encore terminée et les soins de santé sont surchargés. Heather Stefanson n’est bien sûr pas responsable de tous ces problèmes. Malgré ce que prétend Pierre Poilievre, le chef national du Parti conservateur, le Canada n’est pas responsable du taux élevé d’inflation : les États-Unis, la Grande- Bretagne et les pays de la zone euro ont tous connu des taux d’inflation élevés en 2022. Et l’Organisation mondiale de la Santé prévoit que, sans intervention immédiate, les pénuries de travailleurs de la santé et des soins dans la région européenne pourraient provoquer une catastrophe.

Indépendamment du contexte mondial, Mme Stefanson doit assumer ses propres décisions. L’an dernier, elle a augmenté le budget du ministère de la Santé de 1,01 % dans son premier budget. En même temps, le ministre des Finances, Cameron Friesen, se vante que les réductions d’impôts depuis 2016 représentent plus de 1,1 milliard $ par an.

Ces réductions n’étaient pas efficaces. Une réduction d’un point de la taxe de vente provinciale qui a diminué les revenus annuels de 360 millions $ n’a surtout bénéficié qu’aux personnes qui achètent des articles coûteux. Et 450 millions $ ont disparu lorsque le gouvernement a commencé à réduire la portion scolaire des impôts fonciers – une dépense fiscale qui a surtout profité aux propriétaires des maisons les plus dispendieuses. Puis le gouvernement a envoyé des chèques aux familles manitobaines dont le revenu du ménage est inférieur à 175 000 $, un signe clair qu’il n’a pas correctement ciblé ceux et celles qui ont le plus besoin d’aide.

Malheureusement pour Heather Stefanson, son erreur fondamentale en 2022 a été de ne pas se distancier de son prédécesseur. Elle a continué à réduire les impôts fonciers tout en sous-finançant les soins de santé. Elle a continué d’affaiblir le pouvoir de réglementation de la Régie des services publics en s’immisçant dans l’établissement des tarifs d’électricité de Manitoba Hydro. Étonnamment, elle a continué à suivre l’opposition idéologique de Brian Pallister aux sites de consommation de drogue supervisée, malgré des preuves du monde entier qu’ils sauvent des vies.

En entrevue la semaine dernière, Heather Stefanson affirmait que la seule chose qu’elle envisage vraiment de faire différemment en 2023 est d’améliorer la stratégie de communication de son gouvernement. On l’a souvent répété : les oppositions ne gagnent pas les élections, ce sont les gouvernements qui les perdent. Nous verrons, aux élections du 3 octobre, si elle a pu faire mentir cet aphorisme.

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